Le vélo “olympique”, le premier vélo cargo tandem handbike

“Nous avons en projet la construction d’un vélo un peu fou et très spécial. Ce vélo cargo/tandem sera enfourché par deux athlètes pour une exhibition à l’occasion des JO de Paris 2024… l’une est valide (Mathilde Gros, championne du monde actuelle de cyclisme sur piste) l’autre est handicapée [Kristina Vogel]. Après avoir visité votre site internet… je me suis dit : super !!! C’est atypique et exactement ce qu’il nous faut !!”

Quand Frédéric, président du club Salon Cyclosport, nous écrit la première fois, en janvier 2023, nous ne savons guère quoi penser. Nous ne connaissons pas grand chose, pour ne pas dire rien, au cyclisme sur piste, et les noms de ces championnes nous sont quasi inconnus, pour ne pas dire, carrément inconnus (désolé Mathilde).

Mais puisque le projet est soi-disant un peu fou, il n’y a aucune raison de ne pas creuser.

Dès les premiers échanges, un semblant de cahier des charges se dessine :

  • Le vélo cargo doit être monté en pignon fixe pour la piste. Okay.

  • A l’avant, un maindalier permet à une personne en situation de handicap de participer. Okay ouais !

  • La personne à l’avant ne doit pas se faire arracher les bras par l’énorme puissance de la cycliste arrière. Ah ouais okay !

  • Le vélo devrait rouler à l’ouverture des JO de Paris 2024. Ah ouais quand même okay.

Le projet fait réfléchir. A cette époque, nous relocalisons notre fabrication en Occitanie. Le chantier est déjà conséquent, pourquoi s’embarquer dans une histoire pareille ? Frédéric nous explique que plusieurs noms du milieu du vélo français ont déjà refusé. On comprend. Mais quelque chose nous pousse à nous embarquer dans l’aventure. La gloire, le challenge, le défi, l’engagement pour l’handicap ?.. Un peu de tout ça.

Surtout, nous mettons un point d’honneur à ce que le cadre arrière soit recyclé. Frédéric accepte. Il engage une équipe de tournage. Le projet démarre.

Tendu le tandem

Pour concevoir et fabriquer ce vélo, nous nous appuyons sur le châssis de notre actuel modèle Chtok. Sans modifier sa structure, nous imaginons l’intégration des différents sous-ensembles de ce tandem.

Nous devons garder en tête que le vélo s’articule autour d’une transmission pignon fixe à l’arrière qui est reliée à l’avant sur le maindalier à une transmission single speed sur roue libre afin de ne pas '“arracher de bras”. A cela s’ajoutent les questions de lignes de chaîne, de tension, de réglages, de passage de chaîne entre les pédaliers 2 et 3, le tout avec un esprit de simplicité et de légèreté (relative).

Le support de maindalier est entièrement conçu et fabriqué par nous-mêmes, sous la direction d’Alexis à la tête du pôle R&D bureau d’études de Botch Cargo Bikes. Tout comme la première version des repose-pieds puis les barres de renfort finales, l’intégration des poulies…

La première étape du projet vise à valider le bon fonctionnement du vélo. “Quand on parlera peinture, c’est que le projet sera quasiment fini”, soutient Frédéric.

Les tests

Sur la piste de l’Isle Jourdain, dans le Gers.

Pour tester le vélo, il n’y a pas 36 mille solutions. Avec sa transmission pignon fixe, le tandem est infreinable. Il est d’abord testé sur un parking avant d’être embarqué sur la piste délabrée de l’Isle Jourdain, que la marie a décidé de transformer en stationnements.

Premiers essais pour le vélo. Premiers tours sur piste pour nous. On s’engage dans les tournants sans ne rien comprendre. On pédale, on maindale. Le vélo roule bien et c’est beau.

Frédéric est enthousiaste et organise une deuxième session d’essais sur la mythique piste de Foix quelques mois plus tard avec l’équipe de tournage, la famille de Mathilde Gros…

Le vélo tient la piste. On nous explique les règles du jeu. On parle améliorations et assise. Toujours pas peinture. Les JO approchent. On y croit encore.

Dernière ligne droite

Suite à de nombreux rebondissements, le vélo ne roule finalement pas lors des Jeux de Paris 2024. Le projet est mis en pause le temps de dresser une nouvelle feuille de route.

Il faut réfléchir à l’assise, aux repose-jambes, aux nouveaux pilotes (le duo Mathilde Gros-Kristina Vogel est écarté), trouver un nouvel événement.

On parle désormais d’octobre 2024. Et, enfin, de peinture. Un bleu-blanc-rouge réalisé par Thomas Bouscal de System P, à Gaillac.

L’assise est également intégrée, accompagnée de renforts latéraux et de repose-pieds sécurisés. La prochaine personne qui montera à l’avant du vélo sera en situation de handicap donc toutes les précautions sont prises.

Cette session d’essai se tient au vélodrome Lombard, à Cavaillon. Le vélo est magnifique. Il roule. Le nouveau duo se sent à l’aise dessus. Soulagement.

On parle désormais des vélodromes de Hyeres, Saint-Quentin, de “l’envoyer à 50 km/h” sur la piste…

L’enthousiasme prend le dessus. Et il en aura fallu pour maintenir ce projet “un peu vraiment fou” à flot.

L’histoire n’est cependant pas terminée.

On se revoit à Saint-Quentin (nous qui ne connaissions rien, allons tous les faire !) avec les photos de l’équipage.

Vous avez aussi un projet un peu fou ?

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